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Jean-Loup Tournier, Bernard Miyet, Jean-Noël Tronc
Le salaire du patron
Le salaire de monsieur Bernard Miyet semble déjà oublié ! Puisqu'il est parti ! Son successeur ayant accepté le poste à des conditions moins avantageuses, circulez y a rien à renifler !
Bernard Miyet est arrivé à la Sacem le 5 octobre 2000, comme Vice-président du directoire, et il fut naturellement élu Président du directoire au 1er février 2001, réélu trois fois jusqu'en fin juin 2012. Ce devait être 2013, ce fut 2012. Peut-être parce que les vagues de son salaire montaient trop haut.
En 2010, son salaire était sorti dans les médias à 600 000 euros par an, suite à un travail de la Cour des comptes. Il choqua même des parlementaires.
Dans "Main basse sur la musique", publié en 2003 chez Calmann-Lévy, Irène Inchauspé et Rémi Bedeau, journalistes (Le Point, Le Figaro), racontent son arrivée en remplacement du grand maître durant quatre décennies, Jean-Loup Tournier, dont un récapitulatif (décembre 1998) annuel du bulletin paie est détaillé, à 425 000 euros. Selon les auteurs, qui spécifient leur source, un entretien avec M. Miyet le 19 décembre 2001. Ce dernier aurait demandé le salaire de son prédécesseur, qui fut considéré comme l'as de l'obscurantisme ! J'ai lu son "vivre de sa musique à la sacem", oeuvre que l'on peut qualifier d'hagiographique et sans réel intérêt (lecture néanmoins indispensable à qui souhaite comprendre la manière dont la sacem est devenue cette oligarchie à la dérive). Apprécions, de 2006, un magnifique « ...le fameux réseau dit Internet, véritable apprenti sorcier de la reproduction et de la diffusion des oeuvres sans ordre ni contrôle jusqu'à présent, dans notre domaine. Il s'agit de la plus remarquable machine à violer les droits des créateurs qu'on ait jamais conçue, qui permet à tout un chacun de se transformer en pirate, grand bénéficiaire de la contrefaçon des disques ou autres supports d'oeuvres sonores et audiovisuelles. » Quant à la plus remarquable machine à voler les créateurs, monsieur Tournier, avez-vous un nom ? La grande crainte du potentat fut une nationalisation mitterrandienne et il pestait contre « certains dirigistes, avides de tutelle, contrôle ou autres contraintes » pour finalement dénoncer la mise en place du « contrôle aussi astreignant qu'inutile et coûteux. » Je parlerais plutôt d'un contrôle insuffisant, laxiste, trop peu contraignant. Une dernière belle phrase : « Pierre Delanoe, sans doute l'auteur de chansons contemporaines le plus talentueux et productif connu en France. »
L'hommage de Laurent Petitgirard, président du Conseil d’administration, membre de l’Institut avait déjà été à minima dans le Magsacem : « Bernard Miyet, président du directoire, qui aura dirigé notre société avec talent pendant près de douze années. » Un peu tard, tout cela !
Le Conseil d’administration de la Sacem du jeudi 17 novembre "a désigné" Jean-Noël Tronc pour succéder à Bernard Miyet. Oui, je place des guillemets pour "a désigné." Car je m'interroge !
Jean-Noël Tronc ? 43 ans, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de l’ESSEC. Un brillant homme ayant débuté auprès du Vice-président de la Commission économique du Parlement Européen, qu'on retrouve ensuite ingénieur-conseil chez Accenture de 1993 à 1995, puis chargé de mission au Commissariat général du Plan de 1995 à 1997, Conseiller pour les technologies et la société de l’information auprès du Premier ministre (Lionel Jospin) de 1997 à 2002. Quand le candidat presque socialiste échoue à la dernière marche, il devient Directeur de la stratégie et de la marque Orange puis Directeur général d’Orange France, de 2002 à 2007, avant un détour chez Canal Plus Overseas, Président-directeur général. Ce parcours peut mettre en évidence des liens très entre la politique, le public et de grands groupes du privé. Non ? Conclusion inopiné ? J’ajoute néanmoins : oligarchie.
Un article de latribune.fr (Sandrine Bajos) du lendemain titre toujours "Un proche de François Hollande à la tête de la Sacem."
Quel fut le salaire de Bernard Miyet ? 425 000 euros en 2001 ? Combien en 2010 ? 600 000 ? 750.000 euros. Les membres du Conseil d'Administration doivent le savoir !
Dix ans après son départ, Jean-Noël Tronc reviendrait donc à un salaire exorbitant du niveau de Jean-Loup Tournier. Est-ce satisfaisant ? Acceptable ?
400 000 euros, soit 50 000 fois les désormais 8 euros de "cotisation sacem." Oui, il semble possible de payer le patron sur les insignifiants de mon genre !
Le problème de la sacem, ce n'est même pas le salaire du patron, si excessif soit-il, mais la confiscation du pouvoir par une minorité qui tient ainsi le Conseil d'Administration, oriente la politique de la société, dont les règles de répartitions, les subventions et naturellement le salaire du patron ! Tout est lié... La sacem, où l’exemple de l’échec de la gestion collective...
Réaction publique possible
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